Je m’appelle Valentina, j’ai 19 ans et je suis née en Colombie. J’ai été adoptée à l’âge de 4 ans. Mes parents ont toujours voulu adopter car ils ne pouvaient pas avoir d’enfant naturellement. J’ai une sœur biologique qui a 14 mois de plus que moi. Contrairement à moi, elle n’a jamais ressenti de gêne par rapport à notre adoption.
J’ai commencé à me poser des questions sur mon adoption à l’âge de 10 ans. J’avais peur que ma maman (adoptive) ne soit plus ma maman. J’ai commencé à poser des questions, à demander pourquoi j’avais été adoptée mais aucune réponse n’était satisfaisante.

À 17 ans, j’ai décidé de consulter l’étude sociale disponible dans mon dossier d’adoption. C’était écrit en espagnol. J’ai donc demandé à ma professeure d’espagnol du lycée de tout me traduire. Elle a été très émue que je lui demande de faire ça et m’a tout traduit en ayant les larmes aux yeux.
J’ai découvert que ma mère biologique était âgée de 16 ans au moment où elle m’a eu. Victime de maltraitance infantile, elle a quitté son foyer et s’est prostituée. Avec ma soeur, elle nous a abandonnées chez sa tante, qui nous a confiées à notre grand-mère. Notre vie là-bas n’était pas stable non plus. Le Bienestar (autorité centrale colombienne en matière d’adoption) a tendu la main à notre maman et a proposé de l’aider. Elle n’avait pas la volonté suffisante pour changer sa vie et a donné son consentement au Bienestar pour que nous soyons adoptées avec ma sœur.

J’ai beaucoup pleuré et je suis tombée en dépression suite à ces découvertes sur mes origines. On m’a donné beaucoup de médicaments et j’ai été diagnostiquée bipolaire. Avec le recul, je ne suis pas certaine que le diagnostique soit le bon. Quoiqu’il en soit, la prise de tous ces médicaments m’a, à l’époque, un peu vidée de toutes mes émotions. J’étais comme une coquille vide. J’ai fait une crise existentielle et je voulais absolument retrouver mes racines colombiennes, connaître la terre où j’étais née.
« J’ai ressenti le besoin de retrouver mes racines, ma terre natale. »
En 2019, je suis allée cinq mois en Colombie avec ma maman adoptive et ma sœur. J’ai retrouvé ma famille de substitution sur Instagram. J’ai envoyé une photo de moi et de ses enfants à la dame qui m’avait accueillie. Sur place, nous lui avons rendu visite et elle nous a donné quelques détails sur ma famille biologique. J’ai été très blessée quand elle nous a appris que ma mère biologique ne voulait clairement pas assumer la responsabilité d’avoir des enfants à l’époque.
C’était mon premier voyage. Je me suis sentie un peu comme hors de moi. J’avais surtout besoin de visiter et d’observer cet environnement, ce pays inconnu. J’ai été passive dans la recherche de ma mère biologique mais j’ai découvert mes origines. Avant ce premier voyage, j’avais adopté la culture française un peu par défaut et je me sentais à 100% colombienne. En revenant, j’ai renoué avec mon « côté français » et maintenant je me sens vraiment appartenir aux deux cultures.
Aujourd’hui, je vais bien mieux et grâce à mon histoire, à ma quête pour connaître mes origines, j’ai l’impression de mieux me connaître. J’aimerais retourner en Colombie avec mon père adoptif et continuer à rechercher ma mère biologique. Je me sens plus forte et capable de gérer la frustration de ne pas avoir de réponse à toutes mes questions.